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littérature adolescente - Page 2

  • Un virevoltant premier roman

     

    De capes et de mots

    de

    Flore Vesco

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    "Tous les voyageurs qui traversaient le compté de Chancies passaient devant son château sans le voir. Il faut dire qu'il n'y avait pas grand chose à admirer, à moins d'avoir beaucoup d'imagination."

    Serine vient de perdre son père, le comte de Chancies. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle décide de devenir demoiselle de compagnie de la Reine. Un rôle aussi convoité que difficile.

    Dès sa présentation à la Cour, notre héroïne réussit à se faire remarquer grâce à un compliment très original. Ou comment retenir l'attention d'une souveraine avec une esperlune.

    Très vite, Serine découvre les arcanes de ce monde nouveau. Très vite surtout, elle tombe sur des secrets qui pourraient lui coûter la vie.

    Ce roman, je l'ai découvert en deux temps. Lors de notre première rencontre, je me suis arrêtée en plein milieu. Décontenancée par les jeux autour du langage.
    Puis, je l'ai ouvert une seconde fois tout récemment. Et justement ces jeux autour des mots m'ont cette fois-ci totalement emportée.

    De capes et de mots se révèle un virevoltant premier roman où jamais le rythme ne faiblit. Dans un subtil équilibre d'aventure, de mystère, d'humour et d'intelligence.

    Il y a des rivalités exacerbées, des explorations nocturnes, un roi menacé, un bourreau étonnant, des complots, des rebondissements et une héroïne aussi drôle qu'intrépide.

    En effet, Serine relève de nombreux défis et n'hésite pas à se métamorphoser en bouffon du roi pour dévoiler bien des vérités et tester notre sens de la déduction.

    Les pages se tournent toutes seules. On rit, on frémit et déjà, la fin est là.

    J'ai aimé ce choix d'essaimer des néologismes au fil de l'intrigue.

    J'ai aimé ce choix de situer l'action dans une période qui ressemble à la Renaissance. Dans une sorte de temps historique qui n'est pas vraiment l'histoire pour autant. Avec notamment ce fou qui rappelle Triboulet, le bouffon du roi François Ier.

    Et j'ai aimé faire la connaissance de Serine. Ce personnage "badass" que j'aurais adoré croiser enfant lors de mes lectures.

    Bref, vous l'aurez compris : un premier roman très réussi que je conseille dès 9 ans. N'hésitez pas à aller écouter l'avis de Coralie et le mien dans la 73ème émission des Bibliomaniacs. 
     
    Didier Jeunesse, 2015, 182 pages

     

  • Audrey retrouvée

    Audrey retrouvée

    de

    Sophie Kinsella

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    "OMG. Maman est devenue dingue.

    Pas dingue tout court. Frappadingue.

    Sur son mode dingue normal, elle dit, genre :"J'ai lu un article dans le Daily Mail, il faut arrêter tout de suite le gluten." Et vlan, elle achète trois pains sans gluten. Immangeables. On les boycotte, et de son côté elle va enterrer en catimini son sandwich dans un pot de fleurs. La semaine suivante, la vague du sans-gluten est passée.

    Ça, c'est son degré habituel de dinguerie. Mais ce coup-ci, elle a dépassé les bornes."

    Dans la famille d'Audrey, je demande le père. Un fan d'Alfa Romeo, un peu perdu dans son monde et qui répond toujours à côté de la plaque. Il éprouve une certaine nostalgie de sa jeunesse, quand il avait son groupe de rock et de temps en temps, il casse les oreilles de ses proches avec ses anciens tubes.

    Dans la famille d'Audrey, je voudrais la mère. Au foyer depuis bientôt un an. Tous les matins, elle se plonge assidûment dans le Daily Mail. Une référence pour elle...Un journal qui impacte souvent tant son quotidien que celui des autres.

    Dans la famille d'Audrey, je souhaiterais le frère: Frank. Un fou de jeux vidéos qui passe ses journées devant son écran d'ordinateur et rêve de participer à des compétitions mondiales de LOC, son addiction du moment.

    Et puis, au milieu de tout ces membres doucement frappadingues et très attachants, on retrouve Audrey. Une adolescente de 14 ans qui vit cachée derrière ses lunettes noires dans la maison de ses parents et tente de se reconstruire après un drame.

    Et si le défi lancé par sa psychothérapeute portait enfin ses fruits? Et si l'irruption du nouvel ami de son frère, Linus, l'aidait à affronter ce monde qui lui fait si peur?

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    Ce roman, j'en avais entendu parler en termes très positifs par ma copinaute Emjy. Aussi, j'attendais avec impatience sa parution en français.

    Dès les premières pages, j'ai été frappée par le style de Sophie Kinsella. Toujours aussi fluide, il se fait plus grave, plus tendre, plus profond.

    J'ai aimé qu'on ne sache pas vraiment ce qui avait précipité Audrey dans cet état. Quelques phrases disséminées par ci, par là, nous font entrevoir le harcèlement dont elle a été certainement la victime. Mais ce choix narratif se révèle payant car, au lieu de mettre l'accent sur le traumatisme, l'intrigue se focalise sur le processus de reconstruction.

    Chapitre après chapitre, on assiste ainsi aux retrouvailles de l'héroïne avec elle-même, à sa lente guérison, à sa réouverture aux autres et à l'univers qui l'entoure.

    Sans jamais sombrer dans le pathos. Sans jamais non plus paraître invraisemblable.

    Tout sonne juste: les entretiens avec sa psy, ses rapports avec sa famille, ceux naissants avec Linus.

    A la narration à la première personne qui épouse au mieux les pensées d'Audrey se juxtaposent également des dialogues, tirés des scènes filmées par elle pour sa psy. Une manière de mieux cerner les autres qui l'accompagnent au quotidien. Une manière de comprendre leurs relations (comme l'antagonisme croissant entre la mère et le frère autour des jeux vidéos). Une manière aussi de s'attacher à eux, à leur "courbe tordue".

    "Mais Audrey, c'est la vie. On a tous une courbe tordue. Moi aussi. Il y a des hauts et des bas. C'est comme ça."

    On rit, on est émus, on retrouve notre âme d'adolescent lors des si jolies scènes entre Linus et Audrey....On se sent intégré à cette famille et on les quitte avec tellement de regret.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman. Sophie Kinsella signe ici une très belle incursion en littérature young adult avec cette ode à la vie et j'espère sincèrement que ce ne sera pas la dernière.

    Pocket Jeunesse, 2016, 298 pages

    Billet dans le cadre du challenge de Titine  A year in England.

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  • Boy's dont cry de Malorie Blackman

    Boys don't cry

    de

    Malorie Blackman

     

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    "Le téléphone à la main, j'ai souri en lisant le texto que Colette, ma petite amie, venait de m'envoyer. Mais mon sourire n'a pas duré trop longtemps. J'étais trop stressé. Nous étions jeudi, le jour de mes résultats d'examen. Je ne m'attendais pas à être aussi nerveux. J'étais sûr et certain d'avoir réussi, enfin presque sûr. Mais ce "presque" faisait toute la différence"

    Dante, 17 ans, attend le résultat de ses examens avec impatience. Il saura ainsi s'il peut entrer à l'université.

    Mais ce matin-là, quand il ouvre la porte, il se retrouve nez-à-nez avec Mélanie, son ancienne petite amie, accompagnée d'Emma, un petit bébé de un an.

    'J'ai fixé Mélanie. Elle n'avait pas 19 ans. Comment avait-elle pu être assez stupide pour tomber enceinte? Elle n'avait jamais entendu parler de la pilule? [...]

    -Dante, c'est toi le père. Emma est ta fille."

    Et Mélanie s'enfuit, lui abandonnant l'enfant.

    Dante est sous le choc. Lui, père à 17 ans?

     

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    Malorie Blackman est une auteure britannique qui a rencontré beaucoup de succès avec sa quadrilogie Entre chiens et loups.

    J'avais d'ailleurs lu et beaucoup aimé cette oeuvre. Par conséquent, quand j'ai reconnu le nom de cette écrivaine sur la couverture de ce roman au titre intrigant, je n'ai pas longtemps hésité à l'emprunter.

    J'ai trouvé la construction très intéressante. Elle s'articule autour de deux narrateurs, Dante et son frère Adam. Deux adolescents qui depuis la mort de leur mère vivent seuls avec leur père, un homme qui a beaucoup de mal à exprimer ses émotions et qui leur a appris que les garçons ne doivent pas pleurer.

    Or, l'arrivée de la petite Emma va servir de catalyseur. En effet, ce bébé bouscule leur univers bien ordonné où ils ne font que se côtoyer et éviter de parler des choses qui fâchent telles que l'homosexualité assumée d'Adam. Ce réapprentissage du partage familial m'a beaucoup touchée.

    Je me suis attachée à ce foyer et à ces trois protagonistes masculins. Tout sonne juste: l'incommunicabilité, la pudeur, les joutes verbales entre les deux frères...

    De même, la romancière a su traiter avec intelligence et originalité le sujet de la paternité des adolescents. Rares sont les héros jeunes pères célibataires. On ressent parfaitement les doutes et les désarrois de Dante. Loin d'accepter tout de suite cette nouvelle responsabilité, il essaie de s'en décharger par tous les moyens avant de s'ouvrir et de se mettre à aimer sa petite fille.

    Un autre sujet fort est également abordé au fil des pages: celui de la découverte de l'homosexualité. Adam ne dissimule jamais ses préférences. Mais son père et son frère ne veulent pas y croire et se disent que c'est un passage. Jusqu'au jour où un tragique incident les force à se confronter à la réalité..

    Bref, vous l'aurez compris: un roman touchant qui confirme le talent de Malorie Blackman.

    Milan, 2011, collection "Macadam", 12,50 €, 386 pages